Hormis de toujours pointer du doigt un manque de fiabilité des diagnostics immobiliers en général et du DPE (Diagnostic de Performance Énergétique) en particulier, les principales associations de consommateurs relèvent surtout le manque d’efficacité de la rénovation énergétique. Suite à des enquêtes sur le terrain, l’UFC Que Choisir dénonce même qu’ ‘aucun professionnel n’est en mesure d’apporter une solution de travaux de rénovation énergétique qui soit à la fois globale, cohérente et performante’. A l’heure de la publication du Plan Bâtiment et de la feuille de route rénovation énergétique qui invite à une facilitation d’obtention du label RGE mais aussi à la modularité de la fiscalité des loyers en fonction de la performance énergétique du logement et à la suppression du CITE (Crédit d’Impôt pour la Transition Énergétique) des questions restent en suspens quant à l’efficacité des mesures incitatives et des travaux financés.
La rénovation énergétique à la peine et bien trop chère
C’est ce que dénonce l’étude ‘Rénovation énergétique – Des artisans du bâtiment qui n’ont toujours pas fait leur transition génétique pour répondre à la transition énergétique ‘ publiée par l’UFC-Que Choisir. On y découvre que les ‘professionnels’ de la rénovation énergétique proposent et réalisent des travaux d’amélioration de la performance énergétique qui n’apportent qu’un gain de consommations de 27 % soit bien loin de l’efficacité souhaitée.
Et non seulement les performances sont bien loin des objectifs mais de surcroît le coût de certaines opérations réalisées par ces mêmes professionnels sont facturées près du double de celles pratiqués en général pour les mêmes travaux « jusqu’à 185% de plus par rapport aux prix constatés pour les professionnels les plus efficaces ».
Les problèmes que posent ces artisans et entreprises (forcément certifiés RGE afin de garantir le versement des aides et incitations fiscales) ne s’arrêtent pas à la compétence et au tarif mais aussi s’étendent à la clarté de leurs prestations et aux capacités de renseigner les particuliers souhaitant obtenir ces mêmes aides et incitations fiscales (CITE, Eco PTZ, TVEréduite, ANAH….).
Pour ces raisons, l’UFC-Que Choisir a appelé les pouvoirs publics à reprendre la main sur le dispositif RGE, mais pas seulement….
La feuille de route du Plan bâtiment
Vendredi dernier, les ministres de la Transition écologique (Nicolas Hulot ) et de la Cohésion des territoires (Jacques Mézard ) ont communiqué le Plan de rénovation énergétique des bâtiments ainsi que sa feuille de route afin d’espérer atteindre enfin les objectifs attendus pour 2050 pour l’immobilier en France.
Ont-ils suivis, les recommandations et conclusions d’enquêtes des associations et fédérations de consommateurs ou plutôt les professionnels de la rénovation énergétique ?
Pour le DPE, bien souvent décrié par les médias, sa ‘fiabilisation’ semble impérative ne serait-ce que parce que la performance énergétique va devenir le levier de la fiscalité des loyers. En effet, le projet d’appliquer un bonus-malus énergétique en fonction de la classe énergie du logement sur la taxation des revenus locatifs du bailleur ne peut s’appliquer qu’avec un DPE fiable, incontestable ou opposable. Il est donc prévu de retoquer une nouvelle fois le DPE tant au niveau de sa méthode de calcul qu’au sujet de la vérification des résultats émis par les diagnostiqueurs immobiliers. En cela, le gouvernement aura suivi les demandes des consommateurs.
Pour le RGE, le résultat semble mitigé puisque si le plan prévoit de réformer le label RGE et de renforcer les contrôles des travaux réalisés par des professionnels ‘Reconnus Garant de l’Environnement’, les gestionnaires de ce label communiquent quant à eux sur la simplification d’accès à la qualification RGE.
Des objectifs désormais déjà hors de portée ?
Dans cette même étude, l’UFC Que Choisir constate qu’il va être très voire trop difficile d’atteindre les objectifs fixés en rénovation énergétique. Les 380 000 logements à rénover d’ici fin 2017 ne le seront assurément pas à la fin de l’année. Déjà en 2013, il manquait 50 000 logements rénovés sur le parc programmé à l’époque (350 000 au lieu de 400 000).
Sur les objectifs de consommation en énergie primaire des logements, l’efficacité est moitié moindre qu’escomptée. Alors qu’on avait fixé une baisse des consommations d’un peu plus de 4 % par an (4,3%), le parc immobilier rénové énergétiquement ne permet que 2,5 % d’économies d’énergie.
A savoir : En conclusion de cette étude l’UFC Que Choisir enfonce le clou en précisant que 32 % seulement des rénovations énergétiques faites entre 2012 et 2014 sont considérées comme performantes.
Rappelons que le label RGE a justement été créé en 2014 et il va être intéressant de suivre de performance de la rénovation énergétique une fois ce label à accès ‘simplifié’ en 2018. A noter tout de même que l’obligation d’isolation thermique lors de travaux de ravalement ou de réfection de toiture (travaux embarqués) ainsi que le remplacement du CITE par une prime excluant certains travaux coûteux, peu efficaces ou obsolètes (fenêtres, chaudière au fioul…) devraient permettre d’augmenter l’efficacité de la rénovation énergétique dans le parc immobilier deuxième consommateur d’énergie juste après les transports.