Radon, COV (Composés Organiques Volatils), CO2… la liste des polluants susceptibles de nuire à la santé via l’air que l’on respire à l’intérieur des locaux est longue. Outre les émissions radioactives du sol dues au radon, en plus du gaz carbonique issu de notre respiration mais aussi des appareils à combustion, s’ajoutent bon nombre de polluants dégagés dans l’air par les matériaux de la construction, les isolants, le mobilier, les éléments de décoration, les peintures et les produits d’entretien. Alors que depuis 2012 déjà les produits de construction et de décoration doivent afficher l’étiquette ‘émissions dans l’air intérieur’ un nouveau label baptisé ‘IntAIRieur’ vient de faire son apparition dans la construction et la rénovation. Pourquoi ce nouveau label ? Pour qui ? Et dans quel but ?
La pollution de l’air intérieur
Selon bon nombre de constats, la qualité de l’air intérieur de nos bâtiments est préoccupante surtout quand on passe régulièrement plus de 7 heures au travail et presque le reste de la journée chez soi. Selon les logements, l’air que l’on respire chez soi serait même parfois 4 à 5 fois plus pollué que l’air extérieur qui est souvent pourtant loin d’être pur.
Phtalates, phénols… et 45 molécules chimiques de substances nocives et parfois même cancérigènes selon une étude américaine font partie de l’atmosphère de nos logements. Outre les drames humains liés aux maladies et aux décès anticipés, la prise en charge financière des malades à laquelle on ajoute les pertes de productivité au travail (migraines, défaut de concentration…) représenterait un montant avoisinant les 19 milliards d’euros que nous tous portons collectivement en charge.
Alors que l’on avance sur l’éradication de l’amiante dans nos constructions, que nous éliminons les peintures au plomb et que nous nous approchons d’une vraie prise en charge du risque radon dans nos bâtiments, le chantier qu’il reste à régler est celui de la Qualité de l’Air Intérieur (QAI) qui nous concerne tous. Depuis les crèches et les écoles que l’enfant fréquente jusqu’à nos bureaux et nos logements en passant par les polluants atmosphériques extérieurs. Respirer devient un risque.
L’étiquette émissions dans l’air intérieur
L’étiquette « Émissions dans l’air intérieur » reprend un classement bien connu quand aux performances mesurées d’un appareil ou estimées pour une construction (DPE). Sous la forme d’un pictogramme et d’une lettre, l‘étiquette indique le niveau d’émission du produit en polluants volatils dans l’air intérieur. Comme pour la classe énergie d’un appareil ménager ou d’un logement, il s’agit de distinguer facilement la classe dans laquelle se situe le produit. Pour l’étiquette émissions dans l’air intérieur, il n’est référencé que 3 classes depuis « A+ » en vert franc lorsque le produit émet très peu ou pas du tout de polluants dans l’air intérieur jusqu’à « C » en rouge quand le produit en émet beaucoup.
Cette étiquette est obligatoire pour tous les produits de construction ou de revêtements de parois ainsi que les produits utilisés pour leur incorporation ou leur application dès lors qu’ils sont amenés à être utilisés à l’intérieur des locaux (cloisons, revêtements de sols, isolants, peintures, vernis, colles, adhésifs…). D’un seul coup d’œil, tout consommateur peut ainsi mesurer l’impact sur la salubrité de l’air intérieur qu’aura le produit qu’il envisage d’acheter mais aussi de comparer sur ce critère les différents matériaux et produits entre-eux.
La seule limite que l’on peut reprocher à cet étiquetage est qu’il ne s’applique à la base qu’aux émissions de composés organiques volatils (COV) et au formaldéhyde, bien que selon le site officiel, sont également prises en compte d’autres émissions nocives (acétaldéhyde, toluène, tetrachloroéthylène, xylène, triméthylbenzène, dichlorobenzène, éthylbenzène, butoxyéthanol, styrène).
A savoir : Trichloréthylène, benzène, phtalate de bis et phtalate de dibutyle ayant été reconnus comme composés cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction, leur emploi est totalement interdit dans la fabrication des produits de construction et de décoration.
Le label IntAIRieur
La création en septembre 2017 du label IntAIRieur, revient à l’APQAI (Association de Promotion de la Qualité de l’Air Intérieur). Il semble que le label ne s’adresse qu’aux maîtres d’ouvrage qui doivent pour l’obtenir faire appel à un auditeur d’Immolab avant même le dépôt du permis de construire. Ensuite, les interventions de cet auditeur peuvent s’étendre de 1 à 4 phases depuis la signature d’une charte chantier QAI par les entreprises, jusqu’à une campagne de mesures et de contrôles du bâtiment achevé.
Pour la campagne de mesure proposée comme thème 3 du processus de labellisation, on semble s’approcher du diagnostic QAI déjà proposé par bon nombre de diagnostiqueurs immobiliers. C’est aussi ce qu’il semble apparaître au sujet du contrôle du bon fonctionnement de la ventilation lors de sa mise en fonctionnement et mesure de l’étanchéité à l’air des réseaux que tout test d’infiltrométrie réalise en grande partie voire complètement.
On attend donc toujours que le diagnostic QAI fasse partie du DPE et qu’il soit donc obligatoire avant la vente et la location, mais combien de temps faudra-t-il attendre encore ? C’est peut-être à cause de ces délais que naissent des labels, étiquettes et autres indicateurs.