Alors que la RT2012 a imposé la norme de Bâtiment Basse Consommation (BBC) dans la construction, la prochaine Réglementation Thermique (RT 2020) devrait faire passer nos maisons, logements et immeubles neufs au BePos (Bâtiment à Energie POSitive). Outre les renforts d’isolation thermique que réclameront cette performance énergétique, en plus des équipements et appareils destinés à produire davantage d’énergie que celle produite par le CESI (Chauffe-Eau Solaire Individuel), de nouveaux concepts vont devoir être intégrés dans nos constructions et notamment celui du mode de consommation de ces énergies qui passe par la notion de confort. 2020 c’est bientôt demain et c’est dès maintenant qu’il faut se questionner quant à savoir ce que la RT2020 nous réserve.
Qu’est-ce qu’une construction à énergie positive BePos ?
A l’heure actuelle, au cours du second semestre 2017, il n’existe pas encore de cadre réglementaire fixant les caractéristiques si ce n’est son principe par lequel la construction doit avoir : « une consommation d’énergie primaire inférieure à la quantité d’énergie renouvelable produite dans ces constructions ». Ce principe est celui édicté dans la loi de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle Environnement, dite Grenelle 1 (article 4 de la loi du 3 août 2009).
Toutefois, il existe déjà un et même plusieurs labels BePos qui sont notamment Bepos-Effinergie 2013 et Bepos-Effinergie 2017 qui ne sont accessibles à la base qu’aux constructions conformes aux performances de la RT2012 (norme BBC) auxquelles sont adjoints des moyens de production d’énergie (électricité le plus souvent).
Il existe donc déjà de nombreuses constructions à énergie positive (BePos première génération) dont la consommation conventionnelle d’énergie primaire, calculée pour les usages pris en compte par la RT 2005, puis par la RT 2012, est égale ou inférieure à zéro, une fois déduite la production locale d’électricité (fréquemment photovoltaïque).
Sur le retour d’expérience issu de ces constructions à énergie positive existantes l’ADEME étudie les critères à appliquer pour pouvoir caractériser de BePos une construction afin d’établir les normes qui devront être appliquées lors de la parution de la RT2020.
Comment passer du BBC au BePos ?
Actuellement, il faut effectuer de savants calculs pour mesurer à quel point un bâtiment répond aux normes de production de davantage d’énergie qu’il en consomme. C’est en fonction des mêmes critères (région géographique et altitude notamment) qui régissent les seuils de BBC et Maison Passive que sont étudiées les exigences de production d’énergie à atteindre pour dépasser le niveau de consommation de la construction.
On pourrait alors penser qu’il suffit d’ajouter une production d’énergie à une maison ou à un immeuble afin de rendre la construction à énergie positive ; mais si l’idée est acceptable, le bilan final ne l’est pas forcément. En cause deux grandes problématiques qui sont le calcul des modes de consommation de l’énergie absorbée et le mode de diffusion de l’énergie produite. A ce titre, si réaliser le DPE (Diagnostic de Performance Energétique) ou l’audit énergétique d’une maison, d’un immeuble de copropriété ou d’un ERP est un excellent préalable, il ne sera pas suffisant de lui adjoindre une source de production d’énergie équivalente aux consommations pour rendre cette construction à énergie positive. On pourra par contre approcher et voire même dépasser les normes de ‘maison passive’ pour une construction ne consommant pas plus qu’elle ne consomme.
A savoir : La plupart des copropriétés ont réalisé ou vont faire effectuer leur DTG (Diagnostic Technique Global), ce diagnostic comprend soit un DPE soit un audit énergétique qui renseigne sur les consommations en énergie primaire. Comme le DTG comprend une information chiffrée sur les montants des travaux conseillés à faire effectuer dans les 10 ans, il peut être judicieux d’étudier à cette occasion d’adjoindre à l’immeuble un moyen de production d’énergie.
Le confort des occupants comme levier des consommations d’énergie
C’est un enjeu majeur que les analyses doivent permettre de résoudre. On a constaté trop souvent que des consommations d’énergie n’étaient pas forcément prises en compte dans les calculs. Il s’agit notamment de certains modes de ventilation (VMC) indispensables à la QAI (Qualité de l’Air Intérieur et évacuation du radon), gourmands en énergie et pas toujours régulés selon l’occupation des locaux, mais aussi des maisons trop économes à la base dans lesquelles les occupants ont recours à des moyens supplémentaires mobiles de chauffage et/ou de rafraîchissement très énergivores.
De ces retours d’expérience, on en déduit qu’il est indispensable d’étudier plutôt le mode d’occupation des locaux afin de fournir aux occupants un confort idéal quitte à le dégrader lors de leur absence plutôt que de s’attacher qu’aux performances de la construction (basse consommation et forte production). C’est pourquoi, d’ici la parution de la prochaine Réglementation Thermique (RT2020), on peut s’attendre à que des modes de vie types servent à caractériser chaque nouvelle construction en fonction de sa destination (bureaux, logements, magasins…) ainsi que pour les logements de modèles d’habitants.
Moduler les critères de performance énergétique en fonction du mode d’occupation
En effet, on comprend aisément qu’un couple d’actifs allant au travail chaque matin et laissant la plupart du temps leur logement inoccupé en journée ne réclame pas autant d’énergie en journée qu’un couple de retraités y vivant en permanence. D’autre part, même si ce couple d’actifs ne consomme quasiment pas d’énergie (chauffage, rafraîchissement, ventilation…) en journée hors de chez eux, lorsqu’ils sont rentrés au domicile, leurs consommations sont alors supérieures à celles d’un couple de retraités (activités et loisirs numériques notamment) tant en quantité d’énergie qu’en durée de consommation. Si, de surcroît, le couple a déjà ou prévoit d’avoir des enfants, le niveau de consommation est à ajuster en conséquence.
C’est pourquoi le Plan Bâtiment Durable (PBD) vient de publier un projet de note sur la prise en compte du confort dans le cadre de la prochaine Réglementation Thermique. Jusqu’au 15 septembre 2017, chacun peut y apporter sa contribution et ainsi faire avancer ce qui sera assurément une partie de la réglementation de demain.