Les ambitions de la RE2020 vont elles plomber la construction neuve ? Si les exigences à atteindre paraissent adéquates en regard de nos objectifs de réduction des rejets environnementaux de l’immobilier, il reste à savoir si le surcoût d’une construction neuve ne va pas décourager les acquéreurs. Une maison confortable, respectueuse de l’environnement et économe en énergie ne sera t’elle pas devenue trop chère à l’achat ? Même en échelonnant le calendrier d’application des normes de la RE2020, les professionnels s’inquiètent du prix au m² d’une maison neuve qui pourrait plomber l’acquisition en neuf et donc la construction. Faudra t’il, pourrons-nous encore faire construire ?
Une hausse de prix du simple au double
Parce qu’une hausse du prix de la construction est inévitable pour qu’une maison entre dans les critères de la RE2020 (Réglementation Environnementale), le calendrier d’application a été échelonné.
Ainsi seules des exigences mineures pour la construction neuve devraient être applicables en 2021. Par la suite, en 2024 puis en 2027 et enfin en 2030 s’appliqueront progressivement des normes bien plus ambitieuses donc bien plus coûteuses. Selon le ministère en charge, le surcoût de construction d’une maison ‘classique’ (maison de plain pied de 90m²) ne devrait pas en 2024 dépasser de plus de 6,6 % le prix actuel selon des simulations présentées le 17 décembre devant le Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique (CSCEE).
Mais ces chiffres sont contestés par l’intégralité des organisations concernées. Tant et si bien qu’elles ont elles-mêmes procédé à une étude afin d’envisager le surcoût du m² construit et d’une maison selon les normes de la RE2020. Au final, la hausse prévisible ne serait plus seulement de 6,6 % mais pourrait bien atteindre 13 % soit quasiment le double.
Le coût d’une isolation plus performante et l’interdiction du chauffage au gaz
Ainsi, comme le rapporte Capital, qui cite le Pôle Habitat FFB, pour une maison de 90 mètres carrés chauffée au gaz, le surcoût d’application de la RE2020 atteindrait plutôt les 13% auxquels il faudra ajouter le prix d’une pompe à chaleur à la place du chauffage au gaz soit environ 7.500 euros de plus.
Si les organisations et fédérations de constructeurs et promoteurs adhèrent au projet de rendre le logement neuf bien plus environnementalement correct, elles s’inquiètent du calendrier de mise en place des normes de la RE2020.
Une telle hausse si rapide du prix au m² d’une maison neuve pourrait donner un coup d’arrêt terrible à la construction et ce dès cette année 2021. Or, la crise économique actuelle ne peut que limiter le pouvoir d’investissement des ménages et leur capacité d’emprunt, il se peut que le logement neuf devienne inabordable pour la grande majorité des foyers et que le secteur de la construction devienne à son tour un peu plus sinistré.
En attendant de voir comment et quand va s’arrêter la crise en cours, bon nombre d’organisations militent déjà pour que la RE2020 ne s’applique pas cette année en 2021 mais qu’elle soit décalée au moins en 2022.
Acheter un logement neuf ou rénover un logement ancien ?
C’est la question que bon nombre d’acquéreurs se sont souvent posée et qui semble devenir de plus en plus d’actualité.
Acheter une maison neuve à plus de 2 000€ le m² habitable sera t’il intéressant même en sachant qu’elle est confortable (prise en compte du confort d’été) et économe en énergie ?
Oui assurément car on s’installera alors dans une maison neuve profitant de garanties en cas de défauts ou de malfaçons, mais ce confort et cette tranquillité d’esprit auront un coût non négligeable. On peut raisonnablement se demander s’il ne faut pas plutôt investir dans un logement ancien que l’on aura visité construit et dans lequel on fera les travaux de rénovation énergétique pour le rendre confortable et économe en énergie. De nos jours, l’investissement dans l’ancien a été largement sécurisé grâce aux nombreux diagnostics immobiliers obligatoires ce qui a écarté le spectre de la ‘mauvaise affaire’.
A savoir : Que l’on achète un terrain à bâtir ou une maison existante, en plus de l’État des Risques (ERP ou dorénavant ERRIAL) qui est joint au Dossier de Diagnostics Techniques (DDT) il reste indispensable de se rendre en mairie et de consulter le PLU (Plan Local d’Urbanisme) afin d’entrevoir l’évolution programmée ou possible du voisinage.
A l’heure actuelle, la forte incitation à la rénovation énergétique (MaPrimeRénov’) et même à l’achat pour rénover (EcoPTZ) sont un levier pour rénover le parc immobilier ancien afin qu’il devienne environnementalement responsable. Profiter de ces aides en acquérant et en rénovant de l’immobilier ancien est une alternative raisonnable surtout que cette hypothèse permet de limiter l’artificialisation des sols en occupant des surfaces déjà bâties plutôt que de prendre sur l’environnement de nouveaux terrains à construire.
Et puis dans le cadre d’une occupation différée, avant un départ en retraite par exemple, il est judicieux d’investir en défiscalisation du programme DeNormandie qui permet d’acquérir et de rénover un logement ancien qui sera loué pendant 6, 9 ou 12 ans.