Il n’y aura eu l’an dernier en France que 70 000 rénovations énergétiques globales sur un parc de passoires énergétiques de 7 à 8 millions de logements. A ce train-là, il faudrait bien plus d’un siècle pour espérer rendre économe en énergie tout le parc immobilier résidentiel. Malgré les aides, les primes et les incitations, tous les propriétaires ne sont pas prêts à s’endetter pour espérer un retour sur investissement sur 18 à 20 ans. Surtout que pour financer le reste à charge des travaux de rénovation énergétique globale, il faut déjà pouvoir s’endetter sur une longue période, et de plus, en avoir la volonté. Alors si les propriétaires de logements mal classés au DPE (Diagnostic de Performance Energétique) préfèrent vendre plutôt que de rénover, il n’y a pas à les fustiger ; il faut plutôt les comprendre.
Aides à la rénovation énergétique, aucune égalité
« Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » écrivait La Fontaine. En matière d’aides à la rénovation énergétique, il en sera de même et foin de l’égalité prônée par la devise de la République.
Si l’environnement est bel et bien l’affaire de tous, chaque citoyen devrait être aidé pareillement pour œuvrer à la lutte contre le changement climatique. Mais ce n’est pas le cas puisque les aides à lé rénovation énergétique sont modulées en fonction des revenus du foyer. L’effet pervers est qu’un foyer aux revenus modestes ou très modestes pourra espérer un amortissement de ses dépenses en travaux d’économies d’énergie sur quelques années et que cette durée pourra être quasiment doublée pour un ménage aux revenus intermédiaires. Et encore. Car pour une pompe à chaleur par exemple, encore faudra-t-il espérer que la durée de vie du matériel durera le temps de son retour sur investissement ; sans compter que dorénavant ce matériel doit faire l’objet de vérifications et contrôles périodiques dont le coût n’est jamais pris en compte dans les simulations.
A savoir : Jusqu’à récemment, seules les pompes à chaleur réversibles de grande puissance (supérieure à 12 kW) étaient soumises à une inspection régulière. Mais, les pouvoirs publics français ont introduit cette contrainte d’entretien pour les équipements dont la puissance est supérieure à 4Kw. Ce qui est le cas de toutes les PAC servant au chauffage d’une maison. Le site une-pompe-à-chaleur donne en exemple une maison récente de 200m² avec 2,5m de hauteur sous plafond, située en Ile-de-France, qui nécessite une PAC de 13 kW pour une température ambiante de 20°C. Le prix du contrôle obligatoire tous les deux ans varie de 180€ à 300€ (le remplacement de pièces et/ou les recharges de gaz seront en sus).
Avec de telles durées d’amortissement parfois illusoires sur plus d’une décennie, ainsi qu’en raison du prix des contrôles et de l’espérance de vie des équipements, qui peut avoir envie de remplacer la chaudière de son logement par une PAC ? A moins de ne pas avoir les moyens de changer de logement ou d’y être attaché plus que de raison.
Une autre solution existe
La solution que beaucoup ont trouvée est de vendre le logement passoire énergétique (classes G, F et bientôt E du DPE) pour en acquérir un plus économe en énergie et surtout mieux orienté.
Bien sûr, la vente d’un logement ancien est d’autant plus ardue que ce dernier n’est pas situé en centre-ville. Et puis, la recherche d’une maison individuelle devient difficile post-covid et l’engouement pour le télétravail. Mais il n’en reste pas moins que cela sera intéressant dès lors que l’on pourra installer sur la nouvelle maison des panneaux solaires photovoltaïques.
Ainsi que le précisent les chercheurs du CNRS dans un guide précieux (à télécharger) le solaire photovoltaïque est une solution pérenne et économique même si les lobbies du nucléaire, des fournisseurs d’électricité et des fabricants de PAC tentent de la discréditer.
Alors c’est peut-être la solution pour espérer un retour sur investissement bien plus court que la rénovation globale d’un logement ancien surtout lorsque ce dernier est ou sera soumis à des obligations de diagnostics immobiliers, à des contrôles périodiques (état de conservation des matériaux amiantés) et/ou à des interdictions de mise en location voire une obligation de rénovation énergétique ainsi que Bruxelles l’envisage.
Et puis, en ces temps de disette en énergie, alors que nous n’avons plus suffisamment de moyens de production d’électricité, fabriquer sa propre électricité est une opportunité rassurante.
Alors tant pis si la maison que l’on convoite nécessite quelques travaux, du moment qu’elle dispose d’une toiture orientée au sud afin d’y produire sa propre énergie quand bien même sa classe de DPE n’est pas plus mirobolante que celle du logement vendu qui lui, ne produisait rien.