Qualité de l’air intérieur à la rentrée scolaire, la santé de nos enfants exposée
C’est un fait, la Règlementation Thermique RT2012 qui oblige lors de la construction, l’extension ou la rénovation des bâtiments à respecter la qualification BBC (Bâtiment Basse Consommation) est en conflit avec certaines préconisations lors de diagnostics immobiliers obligatoires. Entre qualité de l’air, risque radon et infiltrométrie, il est souvent impossible de trouver des solutions pérennes préservant conjointement la santé des personnes et les économies d’énergie. Des retards dans le calendrier ‘repoussé’ des diagnostics obligatoires dont la santé de nos enfants va encore pâtir à la rentrée.
Le rappel de la RT2012
La Règlementation Thermique RT2012 qui oblige à la qualification minimale BBC des constructions neuves impose la réalisation d’un test d’étanchéité du bâtiment à l’air extérieur. Ce test d’étanchéité est réalisé par infiltrométrie c’est-à-dire en installant une porte soufflante sur une entrée après avoir colmaté provisoirement les aérations naturelles (portes, fenêtres, ventilation intégrée…). En mettant sous pression ou en dépression le bâtiment par la soufflerie de la porte soufflante (blower door) le diagnostiqueur immobilier repère les chutes ou hausses de pression qui indiquent des défauts d’étanchéité du bâtiment. Un repérage par marqueurs optique (fumée, fanions…) permet de déceler les ouvertures indésirables qui créent des sorties d’air chaud et des entrées d’air froid parasites dans le bâtiment.
Pour valider le test d’infiltrométrie indispensable à la qualification BBC, le bâtiment ne doit pas avoir une perméabilité à l’air supérieure à 0,6 m3/h/m² (mètre-cube d’air par heure et par mètre carré de surface) pour un habitat individuel et entre 1 et 1,2 m3/h/m² pour du logement collectif ou du tertiaire.
Le diagnostic qualité de l’air intérieur et le diagnostic radon
La qualité de l’air intérieur peut être fortement abaissée voire devenir nocive en raison des matériaux utilisés tant dans la construction d’un bâtiment que dans ses aménagements et ameublements (peintures, colles, revêtements, mobilier…). Ces matériaux sont susceptibles de dégager des vapeurs de solvants et de composés chimiques auxquels s’ajoutent les émanations des produits d’entretien dont de nombreux sont jugés irritants voire nocifs…
Dans les crèches et les écoles maternelles, le diagnostic qualité de l’air intérieur devait être obligatoirement réalisé avant le 1er janvier 2015 ; puis l’obligation de ce diagnostic devait être étendue à toutes les écoles et centres de loisirs. Mais ça c’était avant…
Le diagnostic radon, quant à lui était originellement prévu se voir associé au diagnostic qualité de l’air intérieur afin que nos enfants (au moins eux) ne soient plus exposés aux risques sanitaires des polluants atmosphériques et des remontées de radioactivité naturelle.
Le conflit était prévisible
Pour les établissements qui ont procédé au diagnostic qualité de l’air intérieur, les préconisations ont souvent été que la ventilation naturelle des locaux n’était pas suffisamment efficace pour évacuer les émanations des solvants. De même en cas de présence significative de radon, il est conseillé d’augmenter le rythme du renouvellement de l’air dans les bâtiments. Deux mesures totalement incompatibles avec la certification BBC qui impose au bâtiment un seuil maximal de perméabilité à l’air.
Dans des locaux devant avoir une perméabilité à l’air maximale de 1 à 1,2 m3 /h/m² pour être certifiés BBC, les autorités de conception du bâti préconisent pour la santé une ventilation d’au moins 30 m3/h par personne voire 45 m3/h par personne s’il s’agit d’enfants !
Et les conséquences sont étonnantes
Le 25 septembre 2014, Ségolène Royale en tant que Ministre de l’écologie a donc pris la décision de ‘repousser’ l’obligation de diagnostic qualité de l’air intérieur dans les crèches et les écoles maternelles. Source La Gazette des communes
Donc, pour la rentrée prochaine, les enfants en bas âge pourront continuer réglementairement à inhaler à l’école plusieurs heures par jour et tout au long de l’année scolaires le formaldéhyde (irritant pour les voies respiratoires), le benzène (cancérigène) et le dioxyde de carbone.