In Diagnostic Amiante

C’est malheureusement ce qu’il risque de se passer avec la publication de l’arrêté ‘compétences amiante‘ 25 juillet contre lequel se sont battus (en vain) et continuent à se battre bon nombre de diagnostiqueurs immobiliers. Ce qui fait naître la colère dans cet arrêté est la prochaine quasi-obligation pour les diagnostiqueurs immobiliers d’obtenir la certification ‘avec mention’ pour pouvoir effectuer des repérages amiante autres que basiques : un contrôle sur ouvrage, des prérequis étonnants et des formations continues coûteuses. De la sécurité pour tous ? Certes, mais aussi des frais importants que les diagnostiqueurs immobiliers certifiés ‘amiante’ avec mention devront bien faire supporter à leur clientèle. La hausse des prix des diagnostics amiante en 2017 est à redouter, il ne nous reste plus qu’à postuler si ce sera dès janvier ou en juillet.

 

La nouvelle donne de l’arrêté de compétences

Bien sûr, il est indispensable de protéger aussi bien les populations que les diagnostiqueurs immobiliers face au risque de la présence d’amiante dans les bâtiments ; mais contre l’obligation de formations continues, la certification (ou recertification) avec mention pour des diagnostics amiante qui jusqu’alors ne réclamaient pas cette mention, les professionnels du diagnostic immobilier ont alerté le gouvernement, lancé des pétitions mais, las, 5 ans après sa mise à l’étude, le texte a tout de même été publié, le 2 août à la période où le plus de gens sont en vacances…

 

A savoir : La durée de validité de la certification amiante est de 5 ans, ce qui oblige tous les diagnostiqueurs immobiliers à valider une ‘re-certification’ avec à la clé des cours, formations et examens, bien évidemment à leurs frais et sur leur temps d’activité professionnelle.

 

Des diagnostiqueurs immobiliers plus érudits

C’est la bonne nouvelle pour la clientèle, le diagnostiqueur immobilier certifié avec mention aura au moins un niveau d’étude de Bac+2. Même s’il est impossible en raison des règles de sécurité de papoter avec son diagnostiqueur pendant un repérage amiante, au moins, on sait qu’il pourra soutenir une conversation dès le diagnostic terminé.

Mais ce n’est pas tout car en plus de son cursus à Bac+2, le candidat diagnostiqueur immobilier aura dû acquérir une expérience professionnelle significative (1 à 3 ans)  dans le domaine des techniques du bâtiment.

 

D’ici 2017, les actuels diagnostiqueurs souhaitant poursuivre leur activité grâce à leur certification amiante n’auront pas besoin de (re)passer leur bac et de suivre les années post-bac à condition de rester dans le cadre de la certification amiante ‘de base’ (sans mention) ; s’ils étaient jusqu’alors certifiés ‘avec mention’ et qu’ils souhaitent le rester, ils devront attester de la réussite à des opérations de surveillance et suivre une nouvelle formation obligatoire d’au moins 5 jours avant de pouvoir seulement postuler à l’examen final.

 

La ghettoïsation des artisans et autoentrepreneurs du diagnostic immobilier ?

Peut-on, doit-on, redouter cette montée en exigences initiales et en formations diverses ?

Sûrement pas dans le domaine de la sécurité, autant celle des diagnostiqueurs eux-mêmes que du public, car l’amiante est un tueur réel soupçonné de provoquer entre 50 000 et 100 000 morts attendus en 20 ans ; mais en regard de la capacité des diagnostiqueurs à endosser des charges financières et de temps d’inactivité professionnelle, on craint le pire.

 

Quel artisan diagnostiqueur immobilier ou quel autoentrepreneur du diagnostic immobilier va pouvoir assumer ces impératifs supplémentaires sans en faire payer le prix à sa clientèle ? Et s’il souhaite recruter, à quel salaire va t’il pouvoir embaucher un technicien d’au moins Bac+2 ayant déjà une expérience professionnelle ?

 

Ce que l’on peut prévoir, c’est que ces diagnostiqueurs immobiliers travaillant en individuel ne pourront qu’être des diagnostiqueurs ‘sans mention’ et que les seuls certifiés ‘avec mention’ se tailleront la part du lion. Que pour obtenir la certification ‘avec mention’ il aura fallu que ce soit une entreprise qui recrute à salaire élevé, qui paye les formations continues et qui assume la perte d’activité de son salarié en cours de formation.

A terme, le diagnostic amiante risque de ressembler à ce qu’il se passe dans le domaine du diagnostic légionellose des TAR (tours aéroréfrigérantes) et des ICPE (Installations Classées Pour l’Environnement) où quelques rares entreprises et organismes seulement sont agréés (par décret) pour effectuer les contrôles.

 

Notons d’ailleurs que si le COFRAC (Comité Français d’Accréditation) a créé cette année le 1er forum Accréditation et inspection, c’est peut-être en raison aussi de l’évolution de leurs activités.

 

Alors, par prudence, faites effectuer vos diagnostics amiante avant, au mieux janvier 2017 (prise d’effet d’une partie des mesures) et au pire juillet 2017 (mesures totalement applicables), car l’an prochain, ils risquent de devenir bien plus chers…

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